Haziel, l'ange de lumière

] Haziel est un garçon simple, gentil, calme, intelligent, réservé et sensible (presque plus que les autres personnes avec qui il vit). Il s’entend avec tout le monde (et vu le nombre de personnes qu’il côtoie chaque jour, tout le monde ça fait beaucoup !). Il suit assidument ses cours ainsi que les conseils qu’on lui donne. Et il a aussi un rêve, un espoir. Si ce rêve se réalisait un jour, ce serait l’un des plus grands honneurs qu’il puisse connaître… Pour toutes ses qualités, vous dites qu’il serait trop parfait ? Evidemment puisque c’est un ange. Si si, un vrai. Enfin, ça c’était avant. Il a bien changé, vous comprendrez pourquoi. Maintenant, il est bien plus colérique, lunatique, il s’emporte facilement. Il n’y a pas grand-chose qui peut l’apaiser, mais quand on trouve quoi, il se calme sur le champ…
Puisqu’Haziel est un ange, il est comme tous les autres de son genre : les cheveux blonds, les yeux gris, les traits fins et toujours un sourire accroché au visage. Il est assez efféminé… d’ailleurs il n’y a pas de distinction homme femme chez les anges, puisqu’ils ne meurent pas et ne tombent pas amoureux… bref, il sont tous pareils ou presque. Mais Haziel est particulièrement pâle. Il a aussi de petites ailes blanches qui poussent dans son dos. Elles ne sont pas encore développées puisqu’il est jeune. Enfin… ça aussi c’était avant. Maintenant ses cheveux sont noirs et ses yeux étant déjà gris, ils ont foncés aussi, durcissant ses traits. Ses ailes, bien plus grandes désormais ont aussi changé de couleur pour prendre celle des ténèbres. Sa peau est devenue encore plus pâle quant à elle. A première vue, il n’a rien d’intriguant, ni de spécial… juste un homme particulièrement sombre. En réalité, il porte dans le dos, en plus de ses ailes, des cicatrices qui ne se refermeront jamais.

Haziel est un ange. Comme tous les anges, il a des règles strictes à respecter. Comme tous les anges, il l’a toujours fait. C’était un peu l’ange exemplaire… enfin si on peut dire qu’un ange ne l’est pas. Bien sûr, il y a les anges déchus, qui n’ont plus aucune règle à respecter… mais c’est un cas plutôt à part, et on ne peut pas vraiment dire qu’Haziel en soit un. Comme tous les anges de son âge, il a droit à ses petites ailes. Evidemment, il est encore trop jeune pour avoir de grandes ailes. Et pourtant, comme chacun, il les mérite. Ou presque. Et il espère un jour pouvoir devenir un ange gardien. Pour un ange, il n’y a que peu d’honneurs plus grands que celui d’être désigné ange gardien. Cela signifie qu’on les juge apte à aider, accompagner, protéger, un humain… un simple mortel (et ça, ce n’est pas chose facile, étant donné l’obstination qu’ils ont à se mettre dans le pétrin). Seulement, pour que cette protection se fasse dans les meilleures conditions possibles, il est essentiel qu’aucune règle ne soit enfreinte. Et la première, c’est de ne jamais… JAMAIS descendre dans le monde des humains. Seuls quelques anges peuvent se permettre de descendre car c’est leur rôle : aller régler les soucis en direct. Ils sont importants, évidemment. Mais plus important encore sont les anges juges, ceux qui font les lois, les font respecter, et qui décident si tel ou tel autre ange peut « monter en grade », ou doit être punis.
 
Et puis un jour, Caliel, le grand ange, vient chercher Haziel. Depuis 149 ans qu’il existe (on ne peut pas vraiment parler de vie chez les anges, puisqu’ils naissent mais ne peuvent pas mourir… enfin presque pas), il a eu le temps d’apprendre et de retenir tout ce qu’il faut savoir pour être un bon gardien. Et aujourd’hui, les juges ont décidé de lui accorder sa chance. Dans quelques heures, une petite fille va naître. Comme tous les mortels, elle aura besoin de protection. Pourquoi lui assigne-t-on Haziel ? Car elle est destinée à devenir une femme impulsive, rebelle, parfois violente et têtue. Mais également assez sensible et réservée. Bref, tout semble les opposer, et c’est ce que les gardiens recherchent, pour que l’ange apprenne à gérer les différences.
 
Le 24 décembre 1994 donc, la petite Némésis né. Haziel, tellement excité d’avoir enfin quelqu’un à protéger, passe sa journée au-dessus de la maternité à attendre qu’elle n’arrive enfin. Et puis la voilà. Dès l’instant où il la voit, il se jure de tout faire pour qu’elle soit heureuse et vive sa vie sans encombre. Comme tout ange souhaite que ça se passe. Et de grandes ailes blanches poussent soudain dans son dos.
 
Et puis Némésis a grandis. Elle est devenue comme on l’avait prévu, un peu dangereuse, vivant sa vie de façon impulsive et déraisonnablement. Mais Haziel veillait toujours aussi bien sur elle. Et puis, sans que personne ne s’en rende compte, pas même lui, quelque chose se produisit. Une nuit, il la regardait dormir, et se surprit à vouloir lui parler. Il alla jusqu’à sa fenêtre, mais n’osa pas entrer. Seulement, quelques jours plus tard, il le fit. Il avait enfreint une des règles fondamentales des anges. Mais personne ne le savait, et personne ne le saurait jamais s’il ne recommençait pas. Mais cette approche ne lui suffit pas. Il était devenu bien trop curieux. Un jour, il décida de prendre forme humaine pour pouvoir lui parler. Voir d’en haut comment est la personne, et lui parler, la voir agir face à vous, ce sont deux choses complètement différentes. Il recommença malheureusement. En fait, il était tombé amoureux. Cela ne peut arriver à aucun ange, habituellement. Mais disons que chaque ange a ses particularités. Et les anges juges s’en rendirent compte. Ils vinrent l’arrêter, sans même qu’il se soit aperçu d’avoir été découvert. Il passa devant leur tribunal et la sentence fut prononcée : « Ses ailes lui seront coupée et il sera enfermé dans les prisons souterraines. Quant à la fille, nous lui assignerons un autre ange qui saura prendre soin d’elle ». Ils ne pouvaient pas dire qu’elle n’avait pas été en sécurité avec Haziel, non. Mais ils voulaient le faire culpabiliser d’avoir agis ainsi. Parfois, ceux qui semblent être les plus bienfaisants peuvent s’avérer être les êtres les plus cruels, en l’occurrence pour protéger leurs valeurs. Haziel s’était débattu, avait hurlé. Quelques anges qui l’appréciaient beaucoup avaient même essayé d’alléger son sort. Mais rien n’y avait fait.
 
Haziel vivait maintenant enfermé depuis des mois, qui lui parurent une éternité, à ruminer son humiliation, la punition qu’on lui faisait subir, et surtout de ne plus pouvoir veiller sur elle. Ses ailes coupées laissaient des plaies béantes qui ne cicatrisaient pas. A la place, des ailes noircies par la haine, la colère et la rage, poussaient, douloureusement. Elles ne boucheraient jamais les plaies des anciennes, et il continuerait à souffrir chaque jour. Mais il renaissait. Il allait pouvoir sortir de sa prison. Ses ailes ne furent pas les seules à se teindre de la couleur des ténèbres : ses cheveux devinrent plus foncés et ses yeux, déjà gris, foncèrent encore, durcissant ses traits pourtant si doux quelques mois auparavant. Il attendit encore quelques mois, et le voilà près à sortir, à se venger. Il fit sauter les murs qui l’emprisonnaient et s’envola loin de cet endroit qui le répugnait. Seulement, quand il se servait de ses ailes, il souffrait. Il était condamné à marcher, à user de ses pouvoirs autrement, mais sans voler. Sinon, au strict minimum. Mais avant de penser à tout ça, ainsi qu’à sa vengeance, il fallait qu’il retrouve Némésis pour s’assurer qu’elle allait bien.