Setsuko s'empara de sa tasse de café et la porta à ses lèvres avec précaution. Il était encore brûlant.
Par la fenêtre, elle voyait quelques pensionnaires se promener dans les jardins sans grande conviction, comme si toute vie semblait les quitter peu à peu.
Depuis quelques temps déjà, elle avait l'impression que Hinan Shigiku se mourait, comme si elle était dotée de vie, et tous les réfugiés suivaient cet affaiblissement.
Setsuko, quant à elle, ressentait bien pire encore. Etait-ce donc à cause de son état à elle que le refuge touchait à sa fin ? Etait-ce parce qu'elle avait l'impression de mourir elle aussi ?
Mais à quoi donc tout cela était -il dû ?
Cela faisait plusieurs semaines, voire plusieurs mois, que l'esprit n'était pas sortie à la recherche d'âmes et corps perdus, car elle n'en ressentait plus le besoin.
Tout se mourait peu à peu.
Certains des réfugiés étaient même partis, ou avaient tout simplement disparus. C'était comme si le monde parallèle dans lequel elle avait construit Hinan ne pouvait plus supporter tout cela.
Setsuko s'empara de son carnet où elle notait chaque nouveauté, chaque instant et elle remarqua avec stupeur qu'elle n'avait pas écrit dedans depuis 6 mois déjà. Elle chercha donc un stylo, le prit et commença de noter.
"Aujourd'hui, plus rien ne va, je pense qu'il faut faire quelque chose, Hinana Shigiku est en train de mourir. Que faire ? Dois-je rappeler tout le monde ? Je n'en ai plus la force... Dois je attendre ? Et pour combien de temps encore ? Je ne sais plus quoi faire..."
La jeune fille referma le carnet doucement et le remit à sa place, près de la fenêtre, entre son réveil et son roman préféré: "Hana et le train", qu'elle prit à son tour.
Puis, elle soupira et se leva avec mal pour se diriger vers le fauteuil où elle s'affala, et elle ouvrit le livre.
Puis, elle entama la lecture pour la énième fois.